Pour un Évangile en marche

Le numéro d’été du magazine Réformés consacre son dossier central à la marche et à ses bienfaits. « Marcher pour vivre mieux » est d’ailleurs le titre en page de couverture.

Une offre qui s’étoffe

En parcourant ce dossier à grandes enjambées, avant de le lire à petits pas, je remarque qu’on semble découvrir les bienfaits de la marche pour le corps… Et l’esprit et qu’on pourrait même s’y sentir accompagné par l’Esprit.

Depuis le COVID et toutes les restrictions qui nous ont été imposées, certaines paroisses – de plus en plus nombreuses me semble-t-il – proposent des activités autour de la marche, alliant méditation.

Mon expérience d’un « Culte en marchant »

J’ai eu l’occasion de vivre, il y a peu, un « Culte en marchant« . (Ce n’est pas celui mentionné ici, mais c’est dans le même esprit) C’est vrai que c’était plaisant de découvrir un paysage, de s’arrêter pour prier ou écouter une lecture entrecoupée du chant des oiseaux ou du tracteur fauchant alentours. C’est vrai que c’était agréable de partager quelque chose avec mon voisin ou ma voisine de marche ou de se taire. C’est vrai que ça a été drôle de faire un cercle au milieu d’une route pour dire le « Notre Père » et devoir se déplacer pour laisser passer une voiture.

Merci à ma collègue Véronique Tschanz-Anderegg, notre guide, de ce moment sur les chemins lors d’une retraite de l’EREN.

Cela m’a rappelé une initiative que j’avais lancée voilà quelques années de « Balades méditatives », accompagnée par l’École de la Parole.

Le mouvement stimule la réflexion, mais pas que

Je le sais, par expérience, que le mouvement, la marche aident à réfléchir et à trouver des solutions qui ne viennent pas, lorsque je reste assis à mon bureau à chercher. Vous arrive-t-il aussi de téléphoner en marchant ou de marcher en téléphonant ?

Et certaines réunions en entreprise se sont mises à la marche pour stimuler la créativité, les discussions et la recherche de solutions.

Dans le cadre d’un accompagnement, la nature peut être source de retour à la vie, de renaissance, et osons le mot de « résurrection », après une crise ou un deuil. Il y a aussi des lieux qui deviennent symboliques pour chacun.e.

Est-ce vraiment nouveau ?

En lisant les Évangiles, on ne compte plus les kilomètres parcourus par Jésus, ses disciples et ceux et celles qui les suivaient. Combien de rencontres ont eu lieu sur les chemins ? L’aveugle Bartimée, la Samaritaine, Zachée le collecteur d’impôts. D’ailleurs, le Christ lui-même a été le chemin (Jean 14,6).

Les philosophes grecs, à l’image d’Aristote, et d’autres penseurs ont mis en avant tous les bienfaits de la marche dans le processus de pensée et de réflexion.

Bousculer nos habitudes

Le COVID aura peut-être eu cet avantage, de nous faire découvrir d’autres manières de méditer, de partager, de « sentire » une célébration par tous ses sens, parce qu’en marchant, on peut écouter, humer, toucher, goûter et regarder. Cela change des célébrations où l’assemblée reste (sagement) assise à écouter le.la célébrant.e, passive. Là, chacun.e y va de son pas, à son rythme, seul.e ou à plusieurs.

Je suis persuadé que la Bible et ses textes ne demandent qu’à être interrogés, discutés, partagés. Qu’ils sont là aussi pour nous mettre en marche et nous bousculer au passage. Alors, quelle meilleure manière que de prendre ses chaussures les plus confortable, une gourde, un chapeau et de se mettre en route… Dès cet été !

À lire (au gré de ses marches) :

La Bible en marchant, NEUVIARTS Jacques

Marcher avec les philosophes, ORTOLI, Sven

Une offre pour allier marche et spiritualité :

RandOvie par la pasteure Véronique Tschanz-Anderegg

Image Pixabay-Carissarogers

Petite réflexion sur le silence

On prétend que
le silence est d’or
et c’est le cas
lorsqu’il ouvre
à une vraie écoute
sincère en trois dimensions :
ce que dit mon interlocuteur
(même et surtout au-delà des mots),
ce qui se dit en moi
et ce qui se dit entre nous.

 

On prétend aussi qu’il y a
des silences qui en disent long
et c’est bien le cas,
lorsqu’ils laissent la place
à autre chose
que des mots.

Le carême : j’en veux… j’en veux pas !

Si le carême, c’est jeûner, juste pour avoir faim et ressentir des crampes, alors je n’en veux pas.
Mais, si le carême, c’est faire un peu plus de place à l’essentiel, alors, j’en veux bien de ce carême-là.

Si le carême, c’est renoncer à tout, juste pour avoir bonne conscience, alors je n’en veux pas.
Mais, si le carême, c’est revivifier ma relation à moi-même, à l’autre et à Dieu (dans le désordre) dans l’intimité de la méditation et de la prière, alors j’en veux bien de ce carême-là.

Si le carême, c’est imposer le silence, juste pour ne pas dire n’importe quoi, alors je n’en veux pas.
Mais, si le carême, c’est se mettre à l’écoute dans la joie partagée et dans la rencontre (même silencieuse), alors j’en veux bien de ce carême-là.

Confession de foi

Je voudrais croire en un Dieu qui réponde à toutes mes prières, qui connaisse mes besoins avant que je les lui demande, qui chasse mes doutes et mes peurs, qui soigne mes maladies, qui panse mes blessures, qui éteigne mes colères et me donne toujours la joie ; un Dieu dont je sente toujours la présence.
Je voudrais croire en un Dieu capable de renverser le monde pour qu’il aille enfin mieux, le monde.
Mais, ce Dieu-là ne serait-il pas un génie comme celui de la lampe d’Aladin qu’on appelle sur demande ?
Ce Dieu-là ne serait certainement pas un Dieu d’Amour, car…

… Car l’amour, c’est laisser vivre l’autre en lui donnant la liberté d’être qui il est, qui elle est.
… Car l’amour, c’est écouter l’autre parler de ses besoins, de ses doutes, de ses peurs, de ses colères et être là à ses côtés, malgré tout.
… Car l’amour, c’est être au chevet du malade et tendre la main au blessé.
… Car l’amour, c’est croire et espérer toujours en un monde meilleur.
C’est en ce Dieu-là, en ce Dieu qui est Amour, toujours présent et malgré tout, que je crois.