Réunis en assemblée virtuelle, Covid oblige, les délégués du Parti Démocrate-Chrétien ont entériné la proposition de changer de nom. Ainsi, sur la scène fédérale, le « bon vieux » PDC deviendra Le Centre.
À lire : l’article de Julien Rilliet sur son blog du Temps.
Les arguments avancés pour justifier cette évolution sont pour le moins révélateurs de l’époque dans laquelle nous vivons et où ce qui a trait de près ou de loin à l’Église, la foi, Dieu paraît suspect, voire rédhibitoire ! On l’évacue vite fait!
Chrétien ne signifie pas que catholique
Les propos du président Gehard Pfister sont sans équivoque :
«Nous n’avons jamais réussi à sortir de nos régions d’origine parce que nous sommes perçus comme un parti catholique ou particulièrement religieux».
Gehard Pfister dans l’article du Temps.
Ainsi, le PDC serait cantonné à des régions estampillées catholiques, à l’image du Valais et composé de religieux pratiquants. Franchement, je n’en sais rien. Je ne connais pas assez de PDC pour en tirer une conclusion. Mais cela m’interpelle.
Il n’y a pas si longtemps, un ami disait : « Moi, je suis chrétien. Pas catholique. Pas protestant. Mais, chrétien ! »
Certains délégués ont aussi avancé cet objectif de toucher un électorat plus large qui s’effraie peut-être au vocable « chrétien », perçu, et pourquoi pas, comme sectaire.
En adoptant le nouveau nom « Le Centre », ce parti dit bien, et sans équivoque, son positionnement sur l’échiquier politique. Même si, et le président Pfister l’a souligné, les valeurs qui animent la philosophie du parti demeureront.
Le Préambule de la Constitution fédérale
Ces discussions me font penser à ces autres tentatives de vouloir évacuer la référence au Dieu Tout-puissant du Préambule de la Constitution fédérale, au nom du principe, sacro-saint, de la laïcité.
Au nom de Dieu Tout-Puissant!
Le peuple et les cantons suisses,
conscients de leur responsabilité envers la Création,
résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde,
déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité,
conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures,
sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres,
arrêtent la Constitution que voici:
Préambule de la Constitution fédérale (du 18 avril 1999, état au 1er janvier 2000)
Je crois que cette référence doit rester. Ne serait-ce que pour rappeler à nos élus sous la Coupole fédérale, qu’à défaut d’être des serviteurs de Dieu, ils sont serviteurs d’une autorité qui les dépasse, l’État. Cet État qui fait du soin aux plus faibles un principe élémentaire.
Aujourd’hui, le religieux fait peur à défaut de questionner. On l’évacue de l’espace public, le reléguant aux convictions personnelles et individuelles, garanties par cette même Constitution :
1 La liberté de conscience et de croyance est garantie.
2 Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté.
3 Toute personne a le droit d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir et de suivre un enseignement religieux.
4 Nul ne peut être contraint d’adhérer à une communauté religieuse ou d’y appartenir, d’accomplir un acte religieux ou de suivre un enseignement religieux.
Art. 15 de la Constitution fédérale
Finalement, on a perdu de vue la place des Églises dans la société civile. On les a reléguées à un rôle de célébrantes leur laissant « les choses d’en-haut », oserais-je dire. Mais l’Église, quelle que soit sa dénomination et sa confession, est appelée à jouer un rôle dans la vie publique et politique, ici-bas aussi et d’abord.
Elle a à veiller à ce que le souci et la prise en compte des plus faibles ne soient pas un vœux pieux, mais une réalité dans les décisions prises par les partis qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre. L’Église, même si elle ne doit pas faire de la politique, doit jouer son rôle de trublion pour rappeler à nos élus que leur engagement politique est soumis à une autorité plus haute. Ne serait-ce que le bien commun ou le vivre-ensemble, à défaut d’être animés par une foi en ce Dieu Tout-puissant. Cette autorité qui est un espace commun où chacun et chacune, quel qu’il·elle soit a la place qui lui revient.
Gageons que nos élus du Centre, et autres, sauront s’en souvenir.
Source de l’image de couverture : Rhonefm