Le sens de ma vie

DIACONAT. Il en va du diaconat en général comme de la question du sens de la vie. Une question au(x) réponse(s) impossible(s). Alors, j’essaie de trouver le sens que je donne à mon diaconat aujourd’hui et là où je suis.


Le sens de la vie pour moi

« La vie a-t-elle du sens ou un sens ? » Posée ainsi la question n’a pas de réponse pertinente. Qu’on soit philosophe, théologien, diacre ou humain. Tout simplement, parce que la vie n’est pas une donnée objective pour tout le monde. Chacun.e a une vie à laquelle il/elle donne ou trouve du sens. Encore faut-il s’entendre sur la signification du mot « sens » : cause (pourquoi ?), direction (pour quoi ?), et si on le comprenait au pluriel, les sens ? Heureusement, si on ne la trouve pas, l’image de cet article nous donne la réponse que nous cherchons tous. Mais revenons à ces questions qui nous travaillent. J’en sélectionne 3 (c’est bien 3) :

  1. Qu’est-ce qui fait que je me lève le matin ?
  2. Qu’est-ce qui m’enthousiasme ? Qu’est-ce qui me met en colère ?
  3. Qu’est-ce que j’ai (vraiment) envie de faire pour changer le monde, ou au moins là où je suis ?

Le sens de la vie pour nous

Ces questions, je le constate, m’amènent à des réponses individuelles. Mais la vie n’est pas de vivre pour soi, en autarcie. La vie est faite de relations d’humains à humains. Et c’est encore plus vrai dans une communauté paroissiale ou un lieu de résidence communautaire (comme le sont un hôpital, un EMS, un foyer…)  Ainsi, la question du sens de la vie ne peut se poser qu’en relation avec d’autres. Les 3 questions pourraient être formulées ainsi :

  1. Qu’est-ce qui nous rassemble, pourquoi pas aussi autour d’un projet ?
  2. Quel carburant anime notre groupe ?
  3. Comment notre groupe peut-il faire bouger les choses là où vivent ses membres ?

Et c’est là que pointe le sens que je peux donner à mon engagement comme diacre.

Le sens de mon diaconat

Je suis aumônier auprès des aînés. Et il s’agit, lors d’entretiens individuels, mais aussi dans les célébrations, de trouver/donner/esquisser du sens à ce qui est vécu par ceux qui sont résidents. C’est cela l’accompagnement spirituel qui touche justement aux questions de sens ou non-sens de la vie, de ma vie et de la vie en relation. À ce propos, on pourra (ré)écouter la série d’émissions A vue d’esprit sur Espace 2.

La découverte ou redécouverte de ce qui peut faire sens pour moi passe par le dire. La parole qui permet aussi de mettre de l’ordre, de dégager ce qui est essentiel, important, secondaire, de renverser les priorités.

Ce billet d’Armin Kressman rappelle que cela tourne autour d’une parole donnée, reçue et venue d’ailleurs.

Est-il possible de faire bouger les choses dans un EMS ? Est-il possible de se rassembler et de se remplir d’un « carburant » quand on est vieux ? Je crois que la réponse tient en un mot : l’humanité, tout simplement, avec ses forces et ses fragilités, dans une relation à un Dieu qui accueille sans condition.

Mais j’ai aussi animé un groupe de jeunes. Et j’ai partagé une parole avec des garçons et des filles de 11 à 14 ans qui se posaient mille et une questions (au moins). Plutôt que de leur donner des réponses toutes faites, j’ai préféré cheminer avec elles, avec eux, résonner (ou raisonner) à leurs réflexions, les laisser s’aventurer sur des terrains inconnus, leur permettre de revenir, de progresser sur le chemin de la connaissance de soi. C’est cela pour moi le sens de l’accompagnement.

Et je me suis rendu compte que les questionnements des jeunes et des aînés se rejoignent et s’épousent en abordant de ces questions sans réponse. En tout cas, des questions dont je n’ai pas les clés : pourquoi des enfants sont-ils les victimes des violences ? Pourquoi Dieu ne change-t-il pas le monde (du moins en apparence) s’il est tout-puissant ? Pourquoi ma prière reste-t-elle sans réponse (du moins apparente) ?

Et nous nous engageons à petits pas dans l’exploration de ces interrogations, trouvant parfois une raison de croire que ce que nous percevons aujourd’hui du monde n’est pas sa fin ultime. Que l’espérance de connaître un changement (même infime) n’est pas à attendre pour après la mort mais pour aujourd’hui déjà. Qu’il y a un motif (au moins un) de dire MERCI pour quelque chose à quelqu’un.

Si je reviens à la question du sens que je donne à mon engagement de diacre, je le résumerais en 3 verbes (3 c’est bien) :

Rencontrer, Aimer et Aider.

Rencontrer, c’est accueillir chacun.e comme il/elle est sans chercher à le/la changer.

Aimer, c’est lui donner la place qui lui revient, dans une relation d’égal à égal.

Aider, c’est découvrir ensemble des potentialités dans sa vie et regarder dans la même direction.

A suivre…

Publié par

Jean-Marc Leresche

Engagé dans l'Eglise réformée évangélique du Canton de Neuchâtel, Jean-Marc partage son temps entre le Bas où il travaille et le Haut où il habite. Il partage ses réflexions et son humeur. Il s'exprime en son nom propre.

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